L'Ordre Maronite Libanais a été fondé en 1695 par trois jeunes maronites originaires d'Alep en Syrie.
Le Patriarche Estephan Al Douaihi a encouragé les fondateurs et les a établis dans le monastère de Mart Moura à Ehden.
Comme l'ordre s'est développé rapidement, ils se sont ensuite établis à Mar Lishaa, Bcharri (1696) et à Qozhaya
(1708).
Ces établissements de Jebbet Bcharri ont permis à l'ordre de gagner en confiance et de s’étendre vers le Chouf et le Kisrwan.
En moins de quarante ans, l'ordre comptait 210 moines vivant dans 12 monastères
(1).
Etant donné les relations privilégiées entre le Monastère de Qozhaya et Kfarsghab et le prestige du nouvel ordre,
il était normal de voir les jeunes de Kfarsghab rejoindre l'Ordre dès le temps des pionniers.
C'est le cas du Père Abdallah Habqouq qui a rejoint les fondateurs avant la confirmation
officielle de l'Ordre en 1698 et devint l'un des premiers administrateurs (Mudabbir)
(2).
Le 17 février 1710, Frère Boulos de Kfarsghab prononça ses voeux à Mar Lishaa, Bcharri.
(3)
Le dix-huitième siècle
Pendant le dix- huitième siècle, l'ordre n'a pas attiré plus de 10 à 15 moines de Kfarsghab. La faiblesse démographique de
Kfarsghab dans la première moitié du siècle, l'achat du village d'hiver de Morh Kfarsghab et son développement à partir de
1748 et probablement le conflit à l'intérieur de l'ordre qui a commencé en 1748 entre les moines aleppins et
les moines libanais et qui a par la suite mené à diviser l'ordre en deux, ont pu être derrière ce nombre modeste
de moines de Kfarsghab. Du diagramme ci-dessous, nous observons cependant
une croissance régulière tout au long du dix-huitième siècle.
Le dix-neuvième siècle
La première moitié du dix-neuvième siècle a vu un doublement des vocations de Kfarsghab. Entre 1800 et 1850,
l'ordre a reçu de 8 à 10 moines de Kfarsghab. Entre 1850 et 1875, les choses ont changé nettement.
Dans cette période, plus de 23 moines de Kfarsghab ont prononcé leurs voeux.
Apparemment, à partir de 1830, il y avait une montée subite dans le nombre de naissances à Kfarsghab.
Les baby-boomers des années 1830 - 1840 ont commencé à rejoindre massivement l'ordre dû au manque de perspectives
économiques. L'ouverture en 1806 d'une école dans le village voisin de Bane par
l'Ordre Maronite Libanais pour l'instruction des jeunes de Kfarsghab et de Bane
aurait aussi servi comme moyen de détection et de recrutement de jeunes talents
pour l'Ordre.
A partir de 1875, l'émigration vers les Amériques et l'Australie a donné une nouvelle issue pour les jeunes de Kfarsghab.
Ainsi, entre 1875 et 1900, seulement 3 vocations ont été enregistrées pour Kfarsghab.
Les vocations de Kfarsghab ont cessé le 17 décembre 1898 quand le Fr. Ephraim Saliba Abood II est entré dans l’Ordre.
Le frère Ephraim est mort le 9 avril 1947. Globalement, l'Ordre Maronite
Libanais attira 43 jeunes de Kfarsghab, faisant de ce village le 15ème plus important
contributeur à l'Ordre, parmi les 382 villages qui donnèrent des moines
(4).
En 1900, Kfarsghab comptait encore 13 moines parmi ses fils, représentant 4% de
la population male adulte comparé à 0.8% de moyenne pour la région de Jebbet
Bcharri.
(5)
Nos moines
Quand nous regardons les noms et les monastères des moines de Kfarsghab, nous voyons que 75% d'entre eux
ont été assignés aux monastères situés dans le Liban Nord, la plupart d'entre eux étant dans Qozhaya.
L'objectif de la réforme qui a eu lieu après la révolte de Qozhaya en 1875 était d’affecter les moines dans
une région différente de leur région d'origine. 4 moines de Kfarsghab ont participé à la révolte de 1875,
l'un d'entre eux, frère Boutros, étant parmi ses chefs. En conséquence de cette réforme,
la puissance de Qozhaya était cassée, ses terres divisées entre plusieurs monastères et ses moines (autour 200 au plus haut)
distribués dans différents monastères. C'est possible, selon quelques historiens
(2),
que cette réforme ait eu un impact négatif sur les vocations de Jebbet Bcharri dont les moines étaient connus
pour être difficiles et indépendants. N’ont-ils pas battu le Mutassarif, Rustum Pasha, et conduit
des opérations de guerilla pour libérer les moines emmenés prisonniers à Beiteddine après la révolte.
Difficiles, oui, ils le sont. Mais c'est ce qui leur a donné le courage de batir un ordre impressionnant
au service du pays : monastères, écoles, églises, fermes, universités... répartis sur les cinq continents.
L'Ordre Maronite Libanais est le coeur des Maronites.
Ci-dessous, vous trouverez les noms de 43 de nos moines.
(1) - Pour information sur l'Ordre Maronite Libanais, voir -
Histoire de l'Ordre Maronite Libanais
(2) - Voir sur ce site, - Evêques
& Supérieurs
(3) - in Révérend Père Maroun Karam -
"Moines de Notre Village" - Editeur Kaslik - 1975 - p. 163
(4) - in Révérend Père Maroun Karam -
"Moines de Notre Village" - Editeur Kaslik - 1975 - Table Générale
N2
(5) - in Dr
Jean Nakkhoul - Démographie Historique de Nahiyat Bcharri de la fin du 19ème
Siècle au Début du 20ème Siècle - Publié dans les Comptes-Rendus du Premier
Congrès sur l'Histoire de Jebbet Bcharri - Comité National Gibran - 1998 - p.
158
(6) - Information prise du livre "monastère de Mar Antonios Qozhaya" par Fr. Antoine Mokbel - éditeur privé Ghazir
- octobre 2000